L'Avancée / Francisco G. Pinzón Samper
L’Avancée est un mur d’accrochage dédié aux artistes émergent·e·s et une manière de prolonger l’espace d’exposition dans l’espace de vie. Durant l'année 2022-23, la Fondation s'associe avec l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et la filière "métiers de l'exposition". Tous les deux mois, d’octobre à juillet, un·e étudiant·e est invité·e à investir cette cimaise et à accompagner son accrochage d’un échange avec le public.
Francisco G. Pinzón Samper a quitté Bogota à 18 ans pour venir faire ses études en France, d’abord à la Sorbonne, puis aux Beaux-Arts, dans l’atelier de Mimosa Echard, où iel travaille toujours. Iel se décrit comme un DJ des images qui sample le monde environnant pour mieux pouvoir s’en inspirer et créer.
Francisco G. Pinzón Samper est attaché à la notion de « range », en français de « spectre », qui renvoie à l’ensemble des personnages dans lequel un acteur arrive à se glisser. De la même façon, iel incorpore, archive, un grand nombre d’images, les lie et les réinterprète pour se les réapproprier. Tout comme l’acteur passe d’un rôle à l’autre, l’artiste joue avec les images sans les hiérarchiser. Ses sujets deviennent des acteurs et l’arrière-plan de ses toiles se métamorphosent en décors de cinéma.
Francisco peint ce qu’iel aime véritablement. Ses inspirations sont multiples et hétéroclites : son intérêt pour Fra Angelico est aussi sincère que celui qu’iel porte à Emilio Pucci, aux années 60 et leurs couleurs acidulées, comme aux mangas plus contemporains. La peinture, activité quotidienne, créé une distanciation salutaire avec la réalité qui lui permet de se plonger dans une forme d’introspection et de méditation. Ses créations laissent entrevoir des fragments d’intimité : à la fois des portraits de ses proches mais aussi le fruit de ses contemplations personnelles. Tout comme il est possible de lire dans des cartes des symboles qui renvoient à nos désirs, à notre passé et à notre futur, ses créations sont un éventail d’allégories personnelles.
Pour l’Avancée, l’artiste propose une composition en trois pièces, Talia’s shirt, The astral chart of Siddhârta et Untitled. L’élément central, Talia’s shirt, est le portrait de sa meilleure amie. S’inspirant de t-shirts de groupes de rock et de métal, Francisco présente son modèle exhibant un t-shirt florissant de symboles. Cet amalgame iconographique met en scène à la fois des images religieuses et pop à travers lesquelles iel s’amuse de la tension « spirituel-superficiel ». La résonnance entre ces deux termes se situe dans l’importance qu’on peut porter à des signes pour y trouver du réconfort. Iel interroge aussi cette tension à travers la présence du dessin de la chartre astrale de Siddhârta, prénom du Bouddha, aux côtés de la peinture. Si la mode et l’astrologie sont parfois envisagées de manière superficielle, ce sont aussi des voies d’émancipation, d’affirmation identitaire autant que de connaissance de soi et des autres.
Andréanne Béguin