Anne Kawala / Sarah Bahr
Le langage est un système qui permet à chacun d’appréhender le monde, de le commenter, de l’analyser, de le critiquer, selon des cadres prédéterminés. De la composition de l’écolier à la dissertation du lycéen, de la thèse de l’universitaire à l’expression libre de l’activiste, l’impératif du discours répond à des formes que Sarah Bahr et Anne Kawala contribuent à faire exploser, débordant des cadres devenus trop étroits.
Sarah Bahr / Rapport d’incident
« Je me permets de vous écrire pour vous demander si vous aviez déjà les dates, parce qu’ici ce que je tiens dans les mains est une clef sans porte et nous nous positionnons ainsi une fois de plus comme des personnes se trouvant en difficulté pour s’engager régulièrement et respecter les principes de base du règlement intérieur, et maintenant, qu’est-ce qu’est notre réaction à ça. Vous commencez par des choses dont vous décidez qu’elles sont vraies et ensuite vous ne rajoutez rien d’autre. On pourrait se dire qu’on va tourner en rond, mais il faut être au rendez-vous parce que c’est un acte authentique, un bravache au torse plastronné, sans même parler de responsabilité. L’air du temps nous souffle dans les bronches et j’ai besoin qu’on me sensibilise, mais sans perdre du temps. Être truc ça se mérite. Malheureusement, l’importance des pensées dysfonctionnelles n’a pas encore été suffisamment comprise par la grande majorité. (…) Sarah Bahr »
Sarah Bahr est née le 16 juin 1986 à Heilbronn en Allemagne. Elle poursuit des travaux visuels et poétiques à trajectoires multiples, prenant souvent la forme de performances et de textes écrits en français. Elle a étudié le théâtre à l’Institut des Études Théâtrales Appliquées de Gießen puis complété sa formation aux Beaux-Arts de Lyon. Elle vient de publier Embâcle aux éditions Les petits matins (2015) et collabore régulièrement avec le collectif suisse « We Ate Lobster » pour des créations théâtrales. Elle travaille actuellement sur la publication sous forme cartographique d’une chronique intime du dialecte souabe, en édition bilingue.
Anne Kawala /Poésie critique
Avec ses textes de poésie critique, dont certains sont publiés sur un site dédié (poesiecritique.tumblr.com), Anne Kawala invente un nouveau genre littéraire oscillant entre le commentaire, l’analyse, l’impression personnelle et la digression. Prenant pour point de départ un livre, une œuvre d’art ou une personnalité, Kawala déroule le fil d’une fabrique de la pensée sensible au croisement de l’art de la rhétorique et de l’art poétique.
Anne Kawala est née en 1980, à Herlincourt, Pas-de-Calais. Elle est poète, formée à l’école des Beaux-arts de Lyon.
Elle a publié une demi-douzaine d’ouvrages poétiques dont le dernier « Le déficit indispensable (screwball) » vient de paraître aux éditions Al Dante. Ses textes empruntent à l’écriture documentaire, au récit et à l’autofiction, mêlant divers matériaux graphiques transposés en variations sonores lors de ses performances.
Elle a obtenu en 2011 une bourse de création du Centre National du Livre et différentes résidences à Moly Sabata en 2014, à l’Akademie Schlöss Solitude de Stuttgart en 2013, à Saïda et Beyrouth au Liban avec le soutien du Centre international de la Poésie de Marseille en 2011 et à la Chartreuse les Avignon. Elle crée avec Emilie Rousset à la Comédie de Reims les pièces « La terreur du boomerang » (2010) puis « Mars-Watchers » (2013) et « Ma belle entomologie » avec la chorégraphe Olivia Grandville dans le cadre du festival Concordanse.