Questions de Style
Patrick Javault reçoit Eric Troncy et Catherine Millet.
Cela fait près de vingt ans qu’Eric Troncy «invente» des expositions et depuis «Coollustre» présentée en 2003 à la Collection Lambert, on crédite lesdites expositions d’un style.
Se revendiquant très clairement comme un auteur à égalité (et si pas tout à fait à égalité, en tout cas vraiment pas très loin) avec les artistes, il aime sortir les œuvres des écoles, groupes, périodes, générations…dans lesquelles on tend généralement à les enfermer, révéler des affinités qu’il est d’abord seul à voir et dont il arrive parfois à nous convaincre que c’est l’évidence. Il aime aussi défier le bon goût des autres en accordant un label de contemporanéité à des artistes qui n’avaient rien demandé et que personne ne réclame (Bernard Buffet ou David Hamilton).
Autre geste d’auteur, le fait de donner à l’exposition le nom d’un objet, ou d’une formule à la mode, et presque toujours en anglais. La préface du catalogue de l’exposition «The Seabass.», conçue pour la 13ème édition du Prix Fondation d’entreprise Ricard, laisse percer une pointe de lassitude et d’agacement devant ce qui dans le monde de l’art se répète ou se banalise, mais aussi devant l’obligation de commenter.
Catherine Millet a bien voulu se joindre à la conversation. Elle vient de publier un livre d’entretiens («D’art press à Catherine M»), mais ne vient pas pour en parler, même s’il paraît difficile de ne pas y faire au moins une allusion. Catherine Millet et Eric Troncy sont tous deux critiques d’art, et, on pourra, ne serait-ce que pour changer des débats sur le rôle des commissaires, parler un peu de l’écriture et d’une certaine idée de ce métier.