Compagnonnage Horizones #6
Pour son compagnonnage à l’occasion du 23e Prix Fondation Pernod Ricard, Timothée Calame, avec la complicité de l’historienne de l’art Valérie Mavridorakis, auteure d’Art et science-fiction : la Ballard Connection (Les presses du réel, 2011), propose une « junk performance-conférence » autour de la figure de l’artiste britannique Eduardo Paolozzi (1924-2005). La performance-conférence se déroule en deux temps : une prise de parole performative de Timothée Calame, suivie d’un moment de réponse et de conversation avec Valérie Mavridorakis.
Dans le cadre du Ciné-Club Horizones en juillet 2022, Timothée Calame avait choisi de projeter son film History of Nothing (1961-1962), un « collage surréaliste sur le surréalisme ».
Alors que le contenu de la « performance-conférence » de Timothée Calame est en gestation, voici en clin d’œil quelques phrases de présentation d’Eduardo Paolozzi issus de l’ouvrage de Valérie Mavridorakis : « En avril 1952, Eduardo Paolozzi donne à l’Institut d’art contemporain de Londres une conférence fort singulière […]. À l’aide d’un tout nouvel appareil, l’épidiascope, il projette, sans souci thématique et sans hiérarchie, des images de sa collection, tirées de la presse populaire, de publicités, de bandes dessinées, de revues de vulgarisation scientifique et de pulps de SF tels qu’Amazing Stories, Science Fantasy ou Science Fiction Quarterly… Ce déferlement anarchique de pin-up, de voitures, de machines diverses, de slogans ou de diagrammes, partage le public. Certains trouvent cette pseudo-conférence ennuyeuse et superficielle mais les plus jeunes membres de l’ICA (artistes, critiques et architectes), ceux-là mêmes qui vont composer son unité de recherche pilote, son véritable groupe indépendant, y voient la synthèse de leurs aspirations à refonder l’art sur une analyse directe du paysage technologique et médiatique de l’époque. De fait, la "performance" de Paolozzi associe déjà plusieurs éléments que développera l’Independent Group : cette collection d’images projetées est sans doute une nouvelle modalité de l’exposition, qu’on peut aussi considérer comme une première formulation d’une œuvre de l’artiste. En élaborant cette Mnémosyne au sens de Warburg ou ce Musée imaginaire au sens de Malraux, l’artiste s’affirme comme le collecteur, le collectionneur et le curateur d’un matériel iconographique dont l’organisation se substitue au discours argumenté. […] Enfin, les choix de Paolozzi mettent en évidence le contenu irrationnel et compulsif, sinon sexuel, de la plupart des représentations de la culture de masse. »
Image : Eduardo Paolozzi, History of Nothing, 1961-1962, 13 minutes