Comment devenir terrestre?
Avec Sophie Gosselin & David gé Bartoli
Il est aujourd’hui incontestable que le mouvement des droits de la nature se développe partout dans le monde. Philosophes, Sophie Gosselin et David gé Bartoli documentent de nouvelles manières d’habiter la terre qui émergent partout dans le monde. Ces luttes sont menées par des groupes multiples attachés à un territoire, où s’inventent d’autres rapports au monde, tenant compte des alliances entre êtres humains et non humains. De la Bolivie à Notre-Dame-des-Landes, de la Nouvelle Zélande à la Nouvelle Calédonie ou au Mexique, toutes contribuent de manière émancipatrice au basculement vers ce qu’ils appellent « la condition terrestre ». Faire l’expérience de la condition terrestre, ce n’est pas revenir à une forme de « nature primordiale », mais avant tout se donner les moyens collectifs de devenir terrestres, de réinscrire les formes de vie humaines dans le tissu d’une vie plus qu’humaine. A travers les « peuple-rivières », les « peuples-montagnes », les « peuples-forêts », les « peuples-archipels », ils analysent différents processus cosmopolitiques qui repensent complètement le projet moderniste de séparation entre nature et culture.
— Jean-Marie Durand
Sophie Gosselin et David Gé Bartoli sont philosophes et écrivains. Ils travaillent depuis plusieurs années à une philosophie de l’infraphysique qui tente de dépasser le paradigme de la Modernité fondé sur la séparation entre nature et culture. Membres de la revue Terrestres, ils ont publié en 2022 La Condition terrestre. Habiter la Terre en communs (Le Seuil), une esquisse d’autres manières de se relier à la Terre et aux entités qui la peuplent.
Imaginé par Jean-Marie Durand, « S’inspirer, respirer », cycle de rencontres se veut un espace de résonance entre le monde intellectuel et le monde artistique, entre le monde conceptuel et les vies ordinaires. Partant de l’hypothèse que sur tous les sujets majeurs actuels – la crise climatique, la question du vivant, les dystopies, les univers alternatifs, les migrations, les fluidités, les formes du mépris de l’injustice sociale, la défaillance de la méritocratie, le rejet du patriarcat, les transformations de nos économies affectives... – les artistes puisent chez les penseur·euses des ressources, à partir desquelles des oeuvres plastiques se déploient, nous faisons à nouveau le pari que la conversation et les questionnements qui l’accompagnent seront une porte d’accès aux savoirs et aux manières d’habiter le monde.