< input > avec Méryll Ampe
Confié à Julien Bécourt, le cycle < input > célèbre l’union entre les arts visuels et les arts sonores. Des installations muséales à l’activisme underground, de Fluxus à la noise music, il conviera un·e artiste plasticien·ne à évoquer sa relation aux résonances et à la vibration du son, et à interroger ce lien sacré que les arts ont toujours noués avec la musique – qu’elle soit d’ordre mineure ou majeure, populaire ou savante.
Après une formation de sculpture sur bois à l’École Boulle, Méryll Ampe mène un travail de création plastique et sonore aux Beaux-Arts de Paris-Cergy. Au cours de ses études, il assiste les compositeurs Robin Meier Wiratunga à Paris et Manuel Rocha Irturbide à Mexico. Très vite, il découvre des analogies entre la sculpture et la pratique du son. Il triture, creuse et excave la chair même des ondes avec un intérêt permanent pour la rugosité et la porosité, bâtissant un édifice sonore comme s’il rabotait et taillait au couteau dans du bois.
Dans ses configurations minimalistes, Ampe aime frôler les limites audibles du son et rudoyer les enceintes, de la fréquence aigüe la plus infime à l’infrabasse la plus grondante. Il conçoit le son comme un médium façonné en temps réel, sur la base d’improvisations à partir de sources analogiques (oscillateurs, filtres, boîte à rythmes). En jouant avec l’imbrication de volumes, de perspectives et de dynamiques, il génère des matières brutes et acérées qu’il sectionne, affine et agence sous forme de compositions qui doivent autant à la musique concrète qu’à l’improvisation bruitiste ou à la techno la plus edgy. On peut y discerner l’influence d’artistes tels que Mika Vainio, Kevin Drumm ou Beatriz Ferreyra.
En live, il est toujours attentif à l’acoustique du lieu et s’engage physiquement dans la matière-son, de manière instinctive et radicale, selon son humeur du moment. Son corps lui sert de diapason dans l’élaboration de masses sonores et de modulations granuleuses qui se déploient, se croisent, se mélangent et se décomposent. Il en résulte de tonitruantes salves de bruit abstrait et de saturations rythmiques. Méryll Ampe pourrait reprendre à son compte l’expression de Laurie Spiegel selon laquelle la musique électronique aurait la capacité de « pulvériser les structures du pouvoir ».
Son travail évolue à travers différents médiums auprès d’artistes, musiciens, chorégraphes, et vidéastes, tels le collectif COAX, le collectif Supernova, Christian Rizzo, Mélanie Perrier, Fernando Vilchez, Elsa Brès, Boris Achour, Gwenola Wagon, Stéphane Dégoutin ou Anastasia Ax.